Praticien 1.

28 06 2024

Je pars ce vendredi à Paris pour effectuer ma formation de praticien 1. Que s’est-il passé depuis l’obtention de mon titre de technicien ? Ce qui est certain c’est que je n’ai pas retrouvé l’envie d’écrire. Parfois, je regrette d’avoir perdu cette pulsion alors qu’à d’autres moments je me dis que ça me permet de faire autre chose. Notamment, de progresser à la guitare. En ce moment, je suis plus dans un trip musical que littéraire. Samedi dernier, pour la première fois, j’ai pu jouer avec mon prof et deux élèves de l’école de musique de sa fille (il donne un cours collectif là-bas chaque jeudi soir). Cette session de deux heures s’est bien déroulée même si je n’avais pas l’esprit tourné à 100% vers la musique ce jour-là. Est-ce que cet essai aura une suite ? Impossible à dire aujourd’hui, même si j’ai vraiment adoré et que c’est mon souhait le plus total. Mais si c’est mon souhait, je sais aussi que sans l’impulsion de mon prof ce sera difficile car c’est lui qui la donne. L’impulsion. Autant qu’il donne la pulsion quand il joue de la guitare. C’est dire.

Pourquoi, n’avais-je pas l’esprit à 100% focalisé sur la musique samedi dernier ? Parce qu’il est arrivé une dinguerie, comme disent les jeunes, à Zoé ma fille ainée. Le jeudi de la semaine d’avant elle avait été reçue au concours de professeur des écoles à une bonne place. Et donc elle était sûre et certaine d’avoir un de ses futurs vœux pour rester dans le coin (avec son copain qui fait la même chose qu’elle dans une sorte de remake de mes parents…). Mais la surprise a été de taille, mercredi dernier quand elle a reçu une affectation dans un autre département. Alors que son copain, pourtant classé après elle, était affecté dans notre département. Nous nous sommes rapidement aperçus qu’elle était inscrite dans une liste pour les étudiants qui n’ont pas de master MEEF (celui qui prépare au concours de professeur des écoles). Alors qu’elle vient d’obtenir son master MEEF, on proposait donc à Zoé un mi-temps dans un autre département pour préparer…un master MEEF. Malgré toutes nos protestations, le jeudi après-midi, nous avons appris que tout était foutu pour Zoé. Il y avait eu une erreur dans l’envoi de papiers et l’administration ne voulait rien entendre. Je passe les détails, mais c’est hallucinant de constater à quel point, dans ces situations, on se retrouve vite projeté dans un livre de Kafka. Impossible de joindre une personne responsable car personne n’est responsable. Ah non, ce n’est pas nous qui gérons ça, appelez tel service. Ah, non, ce n’est pas nous, appelez tel autre service. Personne ne sait. Personne n’a pris la décision. Personne ne peut rien faire. C’est seulement par l’intermédiaire des syndicats que nous avons pu avoir un contact avec le rectorat, par nous-même c’était impossible. Donc jeudi dernier, tout était perdu. On nous l’avait affirmé haut et fort. Cinq ans d’études à la benne puisque un diplôme obtenu et bien réel ne faisait pas le poids face à la décision absurde d’un algorithme. Un déni de réalité hallucinant. Gros coup dans la tronche pour toute la famille. Colère, tristesse, envie de tout péter. On a du mal à réaliser que tout est perdu. Alors samedi matin ce n’était pas la grande joie dans ma tête même si on avait décidé de maintenir la fête des diplômes prévue samedi soir à la maison. Ben oui il faut bien se remettre en selle. Et quoi de mieux de boire du vin rouge jusqu’à quatre heure du matin ? Et comme nous avons eu raison de faire ça puisque tout s’est débloqué lundi. Grâce à une syndicaliste de la CGT – merci à elle – qui a cru jusqu’au bout que tout était possible. Et grâce à la maitresse de stage de Zoé qui lui a concocté un argumentaire du feu de dieu pour appeler le rectorat. Elle lui a donné une formule magique : saisine du tribunal administratif. En plus de l’alerte que nous avions faite auprès de la médiatrice de l’académie. Et subitement ce qui était impossible la semaine dernière est devenu possible lundi. Nous avons eu la confirmation officielle de la réintégration de Zoé dans la bonne liste et dans son bon droit. Ouf. Une nouvelle qui détend tout le monde après 3 jours difficiles et quelques larmes pour Zoé et ma femme.

Et sinon quoi ? Ah oui, pendant 3 week-ends de suite je me suis pris pour Vernon Subutex. Il y avait fort, fort longtemps que ça ne m’était pas arrivé et j’ai pu constater que j’ai perdu quelques réflexes et que je suis totalement largué pour les musiques de jeunes. Cela dit comme les participants de ces soirées étaient plutôt dans mes âges, je ne m’en suis pas mal sorti. Je ne me souvenais plus à quel point il est agréable de regarder danser les gens. Regarder danser les gens, j’y retourne souvent. Au bar du Louxor, regarder danser les gens. J’adore, j’adore, j’adore. Pour ceux qui ont la référence, les dernières phrases ont dû être chantantes.

Pendant ces deux mois, j’ai pratiqué l’hypnose de manière assidue. Je commence à me sentir vraiment accompagnant puisque j’ai fait de vraies séances à but thérapeutique et non lucratif avec 4 personnes. Chaque lundi, je fais une visio avec Juliette. Elle travaille sur moi et je travaille sur elle. Comme elle est déjà praticienne (elle refait tout le parcours comme l’Arche ne donne la possibilité pendant 3 ans), elle m’apporte toute l’expérience qui me manque. Et moi j’essaie de lui transmettre un côté commercial qu’elle n’a pas. J’ai d’autant plus essayé de l’aider qu’elle voudrait bosser avec des médecins autour des patients cancéreux car le sujet la concerne de très près. Mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Depuis qu’on bosse ensemble, elle a osé aborder le sujet avec son oncologue. La médecin lui a donné son accord pour en reparler plus longuement lors de son prochain RDV. C’est bien, non ? Et puis, Juliette a eu son premier client il y a deux semaines. Pour l’instant c’est le seul. Il faut dire que Juliette ne fait pas vraiment de marketing, mis à part son site internet sur lequel j’ai mis un superbe avis. 5 étoiles plus des mots qui font chaud au cœur. Elle a apprécié. Je vais la revoir samedi et ça me fait plaisir.

Hier, j’ai fait une séance avec une amie et j’ai eu la première montée d’émotion de ma courte carrière. Je vais prévoir une boite de mouchoir à l’avenir. Nous avions déjà fait une première séance sur l’objectif qu’elle souhaite atteindre et dans la discussion, j’avais noté une toute petite remarque. Quelques mots. Des mots imagés. Des mots métaphoriques et par instinct je m’étais dit : tiens, on dirait son inconscient qui parle. Tu vois Ma lectrice, ça m’avait fait l’impression d’un truc qui s’échappe, qui sort par inadvertance, comme un jaillissement de lave d’un volcan sous pression. Mais je n’avais pas creusé et j’avais poursuivi sur une séance lambda sans prise de risque. Mais au fond de moi, je m’étais noté de revenir creuser ce point magmatique à la prochaine occasion. Et bingo, ça a totalement fait mouche, je suis tombé pile sur une sacré émotion qui ne demandait qu’à sortir. Depuis le début de ma formation, je me posais la question de savoir comment j’allais réagir face aux émotions des autres, en étant pas vraiment certain que ce serait une réaction adaptée aux circonstances. Je me suis surpris à assurer. Je sais, ça ne fait pas très modeste, mais je suis resté très concentré, à l’écoute, en prenant soin de mon amie et sans émotion superflue de ma part. J’ai été assez pro finalement. J’ai vraiment hâte de connaitre les résultats de cette séance qui m’a semblé être la plus convaincante de toutes celles que j’ai menées jusqu’à maintenant. Si je kiffe de mettre les gens en état d’hypnose, j’ai beaucoup aimé la sensation d’hier, celle d’aider à faire sortir une émotion retenue qui fait du mal. Je connais tellement ce que ça fait en tant que sujet, je sais tellement à quel point c’est thérapeutique, à quel point ça soulage, que ça me donne un sourire intérieur quand ça arrive. Et ce sourire provient d’une impression d’être utile, et de la sensation que je touche enfin au point où je désirais aller. C’est un peu comme si tout ce que j’ai appris jusqu’à maintenant, et ce que je vais continuer à apprendre, devait me conduire exactement à ça, à des séances comme celle-ci, à des séances de cette épaisseur, de cette densité, d’une densité qui fait que plus rien d’autre n’est plus important qu’être un accompagnateur d’émotions.

Bref Ma Lectrice, j’ai passé deux mois de plus de ma vie, deux mois sans beaucoup d’intérêt, deux mois sans rien d’extraordinaire. En tout cas, deux mois sans rien de littéraire. Deux mois sans aucune envie de reprendre mon clavier. Et je me demande si les séances d’hypnoses faites sur ce dernier point, celles faites pour me plonger totalement dans ma nouvelle phase n’auraient pas un peu trop bien marché….

PS: si je m’emmerde dans le train peut-être que je vais être l’objet d’une démangeaison littéraire ? Sait-on jamais.


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Une réponse

29 06 2024
Janie

Hello Dexter,

Au bon endroit au bon moment.

Les planètes qui s’alignent.

La récolte du fruit de ton travail, de tes recherches et de l’amour porté à tes proches.

Quand la vie te sourit ainsi, que vous vous retrouvez, toi et tes enfants, sur de bons rails, quel bonheur!

La joie du quotidien est parfois entachée par les déceptions, les soucis ou les efforts. Quel plaisir quand tout s’accorde et qu’on peut juste se sentir à sa place et apprécier! Et se régaler à danser et regarder danser les gens et les fleurs et les feuilles des arbres…

Très bonne semaine à toi!!

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